L’utilisation des renforçateurs pour les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA)

Publié par harkia le

L’utilisation des renforçateurs pour les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme (TSA)
Quelques informaitons sur les renforçateurs, les différents types et les principes à suivre, mais également des éléments pour savoir comment le mettre en place et comment le choisir.

Qu’est-ce qu’un renforçateur ?

Pour un enfant porteur de trouble du spectre de l’autisme (TSA), faire des efforts pour progresser n’est pas perçu comme quelque chose d’intrinsèquement motivant, mais plutôt comme une perturbation malvenue à une routine. Ainsi pour le motiver, une récompense peut être utilisée comme une réponse positive afin de motiver le progrès et le développement des apprentissages.

Le programme ABA (Analyse Appliquée du Comportement) a pour objectif de permettre aux enfants présentant des TSA de progresser naturellement dans les apprentissages grâce aux relations avec l’environnement. Ce programme préconise alors l’utilisation de renforçateurs. Cela correspond à quelque chose qui est donné après avoir fait un comportement et qui l’amène à refaire le même comportement. C’est-à-dire que lorsque nous voulons augmenter un comportement, il faut le renforcer en permettant à l’enfant d’obtenir quelque chose d’agréable, et de signifiant pour lui. Cela permettra de le motiver, de le pousser à l’effort et à la persévérance.

Les différents types

  1. Primaires : Ce sont les besoins vitaux, des stimuli aux propriétés renforçantes intrinsèques, indépendantes de toute histoire d’apprentissage. Ils sont inconditionnés ou innés et répondent à des besoins biologiques. Exemple : nourriture, boissons, etc.
  2. Secondaires : Ce sont des stimuli qui acquièrent un pouvoir renforçant, ils sont conditionnés, acquis et spécifiques. Ils peuvent être de différentes sortes : 
  • Sociaux : Cela peut être des gestes sociaux avec l’entourage. Exemple : Bisous, câlins, sourires, regards, félicitations, chatouilles.
  • Intermédiaires : Ils peuvent être épargnés ou échangés contre d’autres renforçateurs. Exemple : Les bons points, les jetons, les gommettes, les notes, etc.
  • Activités intéressantes : Activité que l’enfant entreprend spontanément, dont le plaisir procuré provient de la réalisation de l’activité elle-même, ce sont des activités réalisées par l’enfant de manière spontanée et régulière. Exemple : un jeu, écouter de la musique, un puzzle, faire de la balançoire, etc.

Comment le choisir ?

Toute préférence n’est pas forcément un renforçateur, mais tout renforçateur fait partie des préférences. Un renforçateur c’est quelque chose qui est suffisant pour nous faire changer notre comportement.

Il doit être facilement contrôlable, avoir une fin, et être adapté à l’âge. L’agent renforçateur doit être propre à la personne, il faut donc procéder à une évaluation des préférences pour déterminer le bon agent renforçateur.

Plusieurs techniques existent pour identifier les renforçateurs :

L’observation : Nous regardons ce que l’enfant fait souvent, ce qu’il apprécie.

  • Faire une liste de tout ce que l’enfant aime faire.
  • Observer tout ce que l’enfant cherche à atteindre, touche, qui semble avoir de l’intérêt pour lui, ce qui occasionne des sourires.
  • Jouer avec l’enfant en suivant ses intérêts, ses préférences (sensoriel, visuel, etc.)
  • Observer s’il se met en colère si on lui enlève ou dit d’arrêter des activités

L’entretien :

  • Demander à l’enfant ce qu’il aime faire, les jeux qu’il apprécie, etc.
  • Demander aux parents ce que l’enfant apprécie faire
  • Interroger sur ce que l’enfant aime faire aux différents moments de la journée
  • Interroger sur ce qu’il aime faire dans les différents lieux, avec les différentes personnes.

Comment le mettre en place ?

Pour le mettre en place, il faut communiquer avec l’enfant. Pour cela, il faudra lui expliquer comment va se dérouler la séance et lui montrer la récompense. Il faut que ce soit visible pour l’enfant mais inaccessible, il y aura accès lorsqu’il aura effectué la tâche demandée. Il faut établir des règles avec l’enfant, un contrat, en précisant la durée et les conditions des récompenses.

Pour cela, nous pouvons nous appuyer sur des aides visuelles. Cela permet de concrétiser et fixer les informations. Elles peuvent palier un oubli et rassurer. Certaines informent sur les contingences et elles peuvent indiquer quel est le comportement attendu. Il existe différentes formes :

  • Economie de jetons : Les jetons représentent la quantité d’effort avant l’arrivée d’un renforçateur. Ils peuvent spécifier les comportements qui seront renforcés et le renforçateur. L’enfant échange les “jetons” contre des renforçateurs. L’enfant peut par exemple choisir au début de la séance le renforçateur qu’il veut dans un tableau.
  • Schéma d’activité : C’est une variante de l’économie de jetons, représentations des activités à réaliser avant l’arrivée du renforçateur.
  • Minuteur/timer : Il aide à la représentation de la durée avant l’arrivée ou la fin d’un événement. Il doit être utilisés à la fois pour indiquer le début et la fin d’un événement plaisant, ainsi que le début et la fin d’un événement déplaisant.

Les différents principes à suivre

  • Les renforçateurs sont à adapter au niveau de chaque enfant et à ses préférences.
  • Ne récompenser que les réussites
  • Donner la récompense immédiatement après le comportement ou la tâche, jamais avant.
  • Utiliser les récompenses les plus appréciées pour les comportements demandant le plus d’efforts
  • Nommer le comportement récompensé en donnant la récompense.
  • Si la récompense ne motive plus, la rendre la récompense visible pour l’enfant lors de la tâche demandée tout en la maintenant inaccessible
  • Varier les récompenses : les objets, les activités, les aliments, les boissons…
  • Si vous donnez une récompense alimentaire, ne demandez pas à l’enfant d’effectuer la tâche ou le comportement juste après un repas.

Claire Blain, stagiaire en ergothérapie.

Sources :

  • Magerotte, G. & Willaye, É. (Dir)Forget, J., Rivard, M. (2010). Intervention comportementale clinique: Se former à l’A.B.A.. Louvain-la-Neuve, Belgique: De Boeck Supérieur
  • Magerotte, G., Deprez, M. & Montreuil, N. (2014). Chapitre 3. Augmenter un comportement. Dans : M. Deprez, G. Magerotte & N. Montreuil (Dir), Pratique de l’intervention individualisée : Tout au long de la vie (pp. 81-97). Louvain-la-Neuve, Belgique : De Boeck Supérieur.
  • Bourgueil, O. (s. d.). L’Analyse du Comportement Appliquée (ABA). Consulté le 17 novembre 2020, à l’adresse 
  • Hoptoys. (2017, 25 avril). Utiliser des renforçateurs pour motiver. Consulté le 17 novembre 2020, à l’adresse  
  • Renforçateur et renforcement. (s. d.). Consulté le 17 novembre 2020, à l’adresse 
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